On peut tout contester et tout défendre. Mais est-ce bien nécessaire ?
Les lois scientifiques n'ont nul besoin d'être défendues. Le premier, Galilée, en faisait le constat. Elles sont issues d’un protocole très rigoureux, et d’une communauté de femmes et d’hommes très soucieuse de sont respect. On les appelle les scientifiques. Pour contester une loi scientifique, la seule voie possible est ce protocole qui l'a conduite à le devenir. Ici, discourir pour changer la loi est inutile.
En est-il de même pour les lois qui nous gouvernent ? Elles sont protégées par des procédures. Leurs modifications exigent le respect des conditions décrites et des processus définis. Personne ne plaide pour les lois, mais pour leur esprit, pour les valeurs communes qu'elles contiennent. Il n’y a rien de plus fragile. L’indépendance de la justice par exemple est une abstraction qui ressemble fort au petit chaperon rouge au milieu de la forêt un soir d’hiver si l’on ne prend soin de la loger dans tous les détails de la pratique.
Viennent enfin nos décisions et arbitrages quotidiens... Ils concernent nos lendemains ou notre futur immédiat. Dois-je conduire mon enfant à l’école d’abord au risque d’être en retard au travail ? Cela se plaide. Un pull à col roulé ou pas ? Il y a des barils de poudre moins explosifs. Vous prendrez un dessert ou pas ? Là encore, le dernier mot n’est pas votre assiette…
Chaque fois que nous voulons mettre de l'ordre dans notre monde ou notre vie, à chaque croisement, à chaque carrefour, les mots affluent. Ils sont torrents rapides et mousseux, puis rivières alertes ou ralenties, enfin, fleuves puissants et larges. Leur cours n'est jamais une ligne droite, mais des méandres, des boucles et des deltas. Alors ils peuvent porter loin les convictions les mieux fondées.